VI.
Soudain. La foule se fait plus oppressante. Le monsieur à gauche recule sur les pieds des autres usagers. Et se penche vers le bas. Un râle et une remontrance se mêlent à l'incompréhension à travers les souffles des voyageurs sommés de s'écarter alors que manque la place. A deux pas de là, d'autres ne s'aperçoivent pas de ce mouvement. Et de nouveau. Tous s'agitent vivement. Un homme tombe. Ils l'interpellent. Le questionnent. Le tiennent en éveil. Ses yeux tournent vers le haut. Sa main glisse sur la rambarde centrale. Ses genoux plient. Dans sa main, le cartable ne bouge pas. Comme une bouée, il s'accroche au cuir. Malaise. Et ses yeux épient sans cesse les visages de ceux qui lui parlent. Quelques uns se précipitent pendant que d'autres reculent. De l'attention et de l'air. Soutenu, l'homme laisse les dernières forces le fuir. Un autre homme, en costume, cravate et serviette le maintient tant bien que mal. Ses bras sous les aisselles du fragile inconnu. Et les secouristes improvisés assoient le chétif voyageur. Il ne dit rien. Sauf, "la tête". "Ma tête", souffle-t-il encore une fois avant que des passagers ne le hissent sur le quai pour qu'il attrape au vol un courant d'air. Debout, il ne s'enhardit à aucun mouvement. Son regard, une fois encore, se tourne vers le métro qui démarre dans un indifférent élan mécanique. Appréhension et soulagement tintent ses yeux d'une lueur particulière que je ne sais abandonner. La rame plonge dans l'obscurité d'un tunnel...